Radyotitpiti a rencontré pour vous Jean Belony Murat plus connu sous le nom de BélO. Qualifié de Phénomène Musical, BélO, né en octobre 1979 est détenteur du prix RFI découvertes 2006. Il a à ses actifs deux albums, Lakou trankil (2005) et Référence (2008). BélO nous parle de son engagement par rapport à son pays et de ses projets musicaux.
Radyotipiti : Bienvenue sur Radyo Tipiti comment se porte BélO et son groupe ?
BélO : Merci RadyoTipiti, Bélo se porte très bien personnellement et musicalement; émotionnellement je suis très triste pour ce qui s’est passé dans mon pays et de me sentir impuissant par rapport aux évènements du 12 janvier dernier.
RT : Vous avez reçu récemment un prix de la SACEM pour votre dernier single
interprété en duo avec le chanteur martiniquais Sael, avec quel sentiment avez-vous reçu ce nouveau prix ?
BélO : Le prix Sacem Spécial Caraïbes est un signe d’encouragement pour un travail bien fait, je suis content de l’avoir reçu pour cette première collaboration antillaise avec cet artiste qu’on aime tant en Haïti. Mais je serai plus content si le message véhiculé dans Ti Jean fait son chemin.
RT : L’album Référence est un album d’une richesse musicale incontestable
reconnaisse plus d’un. Allez-vous continuer dans le même sens, en vous entourant de grands noms de la musique du monde, en somme le pari de la qualité et de la diversité sera encore tenu?
BélO : Certainement, Référence rentre dans le cadre d’une démarche artistique qui vise à construire la carrière et aussi élever le niveau de la musique haïtienne, je ne dois pas et je ne vais pas m’arrêter déjà. ” Ti Jean” le nouveau single peut en témoigner de la volonté de faire avancer les choses. Nan twazyèm albòm nan « nap pouse pou pi devan »
RT : Vous avez une sensibilité particulière pour les petites gens et les enfants dans vos chansons, est-ce un choix musical ou un engagement ?
BélO : C‘est un engagement qui se confirme de jour en jour, je suis auteur, compositeur, tout ce que je chante c’est ce que je ressens ou ce que j’ai envi de dire…. alors la cause des enfants me préoccupe tout comme l’environnement et l’éducation. Alors je me donne à fond.
RT : Référence votre second album comporte des accents de World Music allant du blues, au jazz et bien d’autres styles, ce choix de musique métissé n’est pas toujours bien reçu par le grand public, que répondez vous à ce sujet?
BélO : Il est vrai que nous travaillons pour le public mais ce dernier n’est pas là pour nous dire quoi faire. Nous, artistes, sommes là pour donner le ton. C’est à nous de décider de quel message à faire passer à la radio, quel exemple donner aux jeunes et quelle image projeter à l’étranger de notre culture. La diversité a toujours fait la force de la culture américaine or que nous, peuple métisse nous l’avons en nous au départ de notre histoire, notre position géographique pourquoi ne pas l’exploiter ? C’est ce que j’ai compris et que je pense que les gens qui ne sont pas d’accord avec moi comprendront dans le futur. Je suis un artiste Haïtien avec une vision planétaire.
RT : 12 janvier une catastrophe d’une rare violence s’est abattue sur Haïti et
la laisse encore plus affaiblie que jamais, comment l’artiste que
vous êtes, conçoit ce mot très à la mode qu’est la reconstruction?
BélO : Moi je dis tout le temps “construction” et non reconstruction car pour moi c’est plus facile d’arriver à quelque chose en partant de zéro que si on partait à MOINS dix (-10). Le système scolaire, éducatif, médical, économique, ainsi que le système politique sont à concevoir en Haïti. TOUT est à faire, pas par rapport au 12 janvier mais par rapport au standard (international); à mon avis s’il y a quelque chose à reconstruire ce serait l’homme haïtien. Reconstruire la façon de penser, d’aimer son pays, de voir le progrès etc.
RT : A quand la sortie du nouvel album?
BélO : Je ne peux pas donner de date mais je travaille déjà en studio, je n’ai pas de pression car Référence a encore du chemin à faire. (Rire)
RT : Merci BélO de votre disponibilité et de la spontanéité qui vous caractérisent depuis toujours, un dernier mot pour la jeunesse Haïtienne qui voit en vous un modèle à suivre.
BélO : Les jeunes savent que je compte sur eux et que je souhaite qu’ils prennent place normalement dans la nouvelle Haïti. Non à la drogue, non à la violence, beaucoup plus d’amour, de partage et de respect, et l’éducation à mettre en premier plan.
Merci c’est toujours un plaisir de répondre à vos questions.