Coup de projecteur littéraire sur la plus grande ville d’outre-mer qui se glorifie aujourd’hui d’un premier Grand Prix. Celui du Roman Métis consacrant le dernier ouvrage de l’écrivaine guadeloupéenne, africaine et nonobstant américaine, Maryse Condé, “En attendant la montée des eaux”, élu à la quasi-majorité.
Présidente du Comité de la mémoire de l’esclavage, elle était en juin de l’an dernier l’invitée de la Région pour baptiser le concept de la Maison des civilisations. De l’eau a coulé sous les ponts de l’institution en question mais c’est avec une légitime fierté que la ville de Saint-Denis inscrit aujourd’hui le nom de cette référence planétaire de la créolité et de la culture insulaire pour consacrer en beauté les fondations de son entreprise littéraire. “La récompense d’un roman de langue française mettant en lumière les valeurs de diversité, d’échanges et d’humanisme, symboles de l’île, pour stimuler la vie littéraire réunionnaise et renforcer les liens entre les écrivains et éditeurs du monde francophone”. Parmi les membres parisiens du jury, seul le président et écrivain Mohammed Aissaoui a fait le voyage, heureux et fier de voir l’aboutissement d’un projet né sur un coin de table après un dîner en compagnie du responsable de “La Réunion des livres” et de Chamsiddine Benali de la mairie de Saint-Denis. “Il existe 2 000 prix aujourd’hui mais celui-là à peine né fait déjà preuve d’originalité en édifiant un pont entre Saint-Germain-des-prés et la Réunion “, a dit hier Aissaoui au nom de ses confrères absents, Tahar Ben Jelloun, PPDA et Amin Maalouf, avant de confirmer la qualité de cette première cuvée. Lattès, la maison d’édition de Maryse Condé, a dépêché une ambassadrice pour rapporter le trophée et s’exprimer au nom de la lauréate, qui, victime récemment d’une embolie pulmonaire, ne pouvait prendre l’avion jusqu’ici. Ce n’est que partie remise, elle l’espère et le dit dans un message qui révèle son bonheur et l’honneur d’avoir la primeur de ce Grand Prix du Roman Métis. “Il répond aux conceptions de la littérature que je défends… J’ai toujours pensé qu’il fallait sensibiliser le lecteur aux réalités des mondes qu’il ignore ou connaît mal, tout en le faisant rêver et tourner le dos à la banalité du réel”, ajoute Maryse Condé en évoquant son roman, “En attendant la montée des eaux “. Un livre fort et magistralement composé pour raconter le parcours de trois hommes en quête d’eux-mêmes et d’amour, étrangers partout où ils sont, et confrontés, toujours, à la violence. Leur destin se trouve lié par une petite fille en quête de ses origines. Un roman à plusieurs voix, pour broder avec intensité et relief un itinéraire entre Antilles, Afrique et Haïti. Un livre porteur d’espoir pour consacrer cette pensée que l’écrivaine a fait sienne : “La littérature aide à vivre”. Mohammed Assaoui pour sa part estime que ce Prix tout neuf lui a porté chance puisqu’il a lui même décroché quelques lauriers au nom de Furcy.
M. D.
– La dame de “Ségou” Née en 1937 à Pointe-à-Pitre, Maryse Condé a été scolarisée à Paris en 1953 avant d’étudier l’anglais et les lettres à la Sorbonne. Mariée en 1959 au comédien Mamadou Condé, elle s’envole pour la Guinée et découvre les réalités africaines des États nouvellement indépendants. Enseignante là-bas puis au Ghana et au Sénégal où elle vivra avec ses quatre enfants, elle retrouve la France en 1973, devient journaliste, travaille pour la BBC, divorce, épouse son traducteur américain Richard Philcox, enseigne à l’université et s’engage dans la carrière de romancière. Après la publication de “Ségou”, son quatrième roman, elle s’établit aux États-Unis et enseigne à la Columbia University. Sa bibliographie s’avère spectaculaire, ses nombreux romans lui valent distinctions et honneurs tels le Prix de l’Académie Française en 1988, le Prix Marguerite Yourcenar en 1999, Grand Prix Metropolis Bleu en 2003… et le premier Grand Prix du Roman Métis 2010.
– Prix Maryse Condé reçoit le Grand Prix immortalisé par la sculpture d’Henri Maillot auteur en 1992 de la “Vénus aux livres” pour “Questions pour un champion” puis, en 2002, de “L’ange du suspense” consacrant Mary Higgins Clark chez Albin Michel. Saint-Denis pour sa part offre 5 000 euros à la lauréate sachant qu’une résidence d’écrivain lui sera proposée ici en 2011 avec le soutien du ministère de la Culture.
– Mention spéciale Elle revient à Fouad Laouri pour son roman “Une année chez les Français”, chef d’œuvre d’humour au parfum de “Petit Nicolas” marocain. Il bénéficiera d’une résidence d’une semaine à la Réunion.
source : http://www.clicanoo.re
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