Quatre chemins :”Si ce n’est toi” Le culte de l’individualisme

Vendredi 2 décembre, à la rue Chériez, au local de  Base-Art Culture, j’ai assisté à la dernière représentation pour le festival quatre chemins  de “Si ce n’est toi”.

Texte du dramaturge  anglais Edward Bond, c’est  Albert Moléon qui s’est assuré de la mise en scène. Il s’est fait accompagné lors de la prestation de Louisna Laurent et  Ernst St Rome; une production de l’association CO-LABO.

Si la vie était seulement  pragmatique. L’État contrôle tout pour empêcher la société de tomber dans l’anarchie, les liens familiaux entre les hommes sont bannis  ; la société est régie par le culte de l’individualisme et de la propriété à outrance. C’est le monde de James , un soldat et Sara sa femme. On les observe dans une salle qui semble être une salle à manger, un décor gris et froid, comme  la vie de ces deux personnages. Un jour Grit  se présente et se dit être  le frère  de Sara et cela chamboule tout dans ce monde de fous.

Le mot de Co-Labo

Le texte d’Edward Bond nous renvoie à tout un pan de notre histoire contemporaine. Il nous replonge dans les moments qui ont suivi le séisme du 12 janvier qui a supplanté toute autorité humaine établie dans la cité pour instaurer la sienne et ses nouvelles règles de vies : le règne de la communauté ! Un nouvel ordre s’instaurait dans les relations humaines, utile et nécessaire à la survie de l’espèce humaine que nous représentions. Sous nos yeux, le séisme avait effacé des pans entiers de notre passé, nos repères, nos appuis… enlevant brutalement à notre affection des milliers de frères et sœurs… Et nous avons été appelés à vivre dans le dépouillement, avec le strict nécessaire, la nudité au service de la vie. Les verrous ordinaires et hermétiques avaient sauté et nous n’étions plus qu’une seule et unique grande famille, sous l’autorité et la contrainte des forces de la brute – goudougoudou – l’autorité a toujours un nom, n’est ce pas ? – Monter ce texte de Bond, c’est pour nous jouer de ce paradoxe et dire 2077, c’est aujourd’hui, dans les rues de notre cité. Sous l’autorité, non pas de l’état comme chez Bond, mais des forces de la nature et plus tard, des forces économiques. C’est dire que la société future se joue déjà aujourd’hui, ici et maintenant ! Et pas seulement sur des constructions en dur, mais sur un socle tissé de la qualité et valeur des rapports entre nous et avec les autres. Dire que nous aurions peut-être mieux fait de tirer leçon de la catastrophe pour reconstruire un modèle de rapport humain plus égalitaire au service de notre avenir. C’est critiquer l’ordre actuel, le no-man’s land où la notion de la propriété privée tombe, non pas au profit du communautaire, mais plutôt de la raison du plus fort…et parfois de la raison d’état. C’est aussi oser poser la question : sommes-nous encore assez libre pour critiquer ce que nous sommes devenus et pour nous améliorer ? Ou sommes-nous totalement assujettis, broyés, formatés, conditionnés… par une autorité invisible ?

Co-Labo

Co-Labo est une association issue de la collaboration de quatre structures théâtrales : Le Petit Conservatoire, la Cop’Art, Pyepoudre et Dram’Art. Les comédiens et metteurs en scène Albert Moléon, Ernst St Rome, Louisna Laurent, Saint-Phard Pyram, à l’origine de cette initiative, ayant participé aux ateliers de Catherine Boskowitz, ont compris la nécessité d’une mise en commun de leurs talents et pratiques théâtrales, afin d’explorer de nouvelles pistes de créations collectives.  Partant du principe de l’échange, l’association est conçue comme un laboratoire expérimental, d’où le nom de Co-Labo. Elle cherche aussi à explorer des expressions plus dynamiques et plus riches, dans une optique citoyenne et engagée, priorisant également le développement des rapports entre troupes et structures théâtrales.

 


 

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