S’il ne fait aucun doute que la culture ayitienne foisonne de grands artistes et que notre musique produit de remarquables talents, le réflexe ne serait peut-être pas d’en rechercher les exemples parmi nos compositeurs classiques ni de regarder vers nos musiciens contemporains.
Pourtant, en ce moment même, un jeune Ayitien fait parler de lui dans le monde de la musique classique à Montréal.
David Bontemps qui a commencé la musique depuis l’enfance, à Port-au-Prince, vient à peine de sortir son Album Vibrations à propos duquel des connaisseurs ne tarissent pas d’éloges.
Claude Dauphin, détenteur, entre autres, d’un doctorat en musicologie, d’un baccalauréat en enseignement de la musique et d’une maitrise ès Arts, décrit Vibrations comme étant le meilleur de ses œuvres pianistiques, dont la poétique relève autant du romantisme méditatif et exalté (…) que de la mythologie haïtienne.”
L’œuvre rassemble 9 titres, dont Yanvalou-Mayi et Aux Esprits de l’Eau, et est déjà en vente sur les plateformes telles qu’iTunes ou Amazon.com. Le lancement a eu lieu le jeudi 19 avril au Studio-théâtre de la Place des Arts de Montréal.
Si Claude Dauphin parle de Vibrations comme le meilleur des œuvres de David Bontemps, c’est bien parce que ce dernier n’est pas à son coup d’essai.
En effet, en mai 2009, le jeune compositeur fait sortir un album avec le groupe Macaya. Ce disque permettra au groupe d’être finaliste au Grand Prix de Jazz TD au Festival International de Jazz de Montréal en 2010. Fondateur du groupe qui vit le jour en 2006, il avait auparavant remporté, également avec cette formation, la médaille de Bronze au concours Syli d’Or de la musique du Monde en 2007.
Il a aussi participé à l’Album Offrandes Voudouesques consacré aux 24 mélodies du compositeur haïtien Werner A. Jaegerhuber (1900-1953).
David Bontemps, contrairement à ce que son parcours et ses études pourraient donner à penser, ne se voit pas et ne veut pas être cantonné à un style musical. Il dit même ne pas catégoriser d’avance sa musique en la composant. Il explique : «C’est un effort qui ne m’intéresse pas. Ma motivation est de créer une musique de qualité et authentique. Je ne fais que retravailler la musique de mon pays sur mon instrument au travers du prisme de formes esthétiques repensées en espérant avoir un résultat original. J’achève en répétant que la musique n’a pas de cloisons d’espace ou de temps. »
L’inspiration, il la tire de la musique traditionnelle afro-ayitienne rurale et urbaine avant tout, qu’elle soit sacrée ou séculière. «C’est un héritage musical, nous dit-il, extrêmement riche qu’on aurait tort de négliger. Bien sûr, il y a aussi la musique des maîtres européens et ayitiens, et aussi les sonorités modernes du jazz ne me laissent pas insensible. »
Pour lui, « toute la musique traditionnelle ayitienne est bonne à prendre ». Et s’il a d’abord été attiré par les musiques Rara et celles du Vodou pour leur cote rythmique, il envisage bien approfondir leur cote mélodico-harmonique.
Tous les projets de cet excellent musicien tournent autour de la musique qui est pour lui un moyen universel puissant d’expression et de création. Il en a fait une profession depuis déjà 7 ans, lorsqu’il comprit ne pouvoir être heureux que dans ce domaine. Il espère jouer les compositions de vibrations le plus que possible et planifie un retour en studio avec Macaya. Il veut travailler à s’améliorer et apprendre encore beaucoup.
L’avenir devrait sourire à cet artiste que Claude Dauphin présentait déjà en 2002 comme la relève des compositeurs ayitiens. Il est encore très jeune, donne l’impression d’une grande culture musicale et des Arts en général. Yves Bernard, dans un article intitulé «La maîtrise de l’art créole» pour le quotidien Le Devoir, promet déjà que David Bontemps laissera son empreinte.
Tilou Jean Paul,
https://tipiti.biz
Twitter (@TilouJeanPaul, @Tipitibiz)
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Quelques liens sur David Bontemps
Une vidéo- documentaire sur David Bontemps
écouter ici des morceaux de Vibrations
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