“We love you Anne” est enfin disponible pour le grand public. Dans les tiroirs pendant près de 7 ans, le film de Richard Sénécal connait un succès en Haïti et dans la diaspora Haïtienne. Malgré l’absence de salle de cinéma en Haïti, l’équipe du film a innové pour assurer la distribution du film. Différents espaces ont servi de salle de cinéma improvisé, hôtel, club de danse, école pour ne citer que ceux la.
Nous avons rencontré Richard Sénécal qui nous parle de l’expérience.
Tipiti Le film We Love you Anne est prêt depuis longtemps, depuis combien de temps, et qu’est ce qui a retardé la sortie ?
Richard Sénécal : Le tournage principal s’est achevé en 2007. Le film n’est pas sorti plus tôt pour diverses raisons. D’abord les salles fermaient une à une à Port-au-Prince durant cette période. Le cinéma haitien était en crise profonde pour cause de piratage généralisé et de mauvaise qualité des productions. L’exploitation à Port-au-Prince est très importante pour un film de ce type, si ce n’est la plus importante. Les producteurs ont été pendant longtemps en négociation avec les propriétaires de salles pour trouver une solution. Le séisme de janvier 2010 a encore davantage compliqué la situation. Des salles simplement fermées étaient désormais détruites.
Tipiti : Malgré l’absence de salle de cinéma en Haïti, vous avez pu sortir le film dans des salles improvisées, comment est venue cette idée. Et comment a été l’accueil du public ?
RS: L’idée n’a rien de géniale, on n’avait tout simplement pas le choix. On ne pouvait pas garder indéfiniment le film dans les tiroirs et, face à l’absence de salles, il a fallu improviser. Le risque était énorme. Le public aurait pu ne pas répondre et les frais d’exploitation s’en sont trouvés décuplés. Chaque projection est une véritable gageure. Créer la pseudo-logistique d’une salle de cinéma là où elle n’existe absolument pas est un pari qu’il faut tenter de gagner à chaque fois. Il y a une équipe formidable en charge de ce travail titanesque et le public, séduit par le film, a accepté avec humour les inconvénients qui n’ont pas manqué de se produire.
Tipiti: Pensez-vous avoir montré la voie à certains autres réalisateurs ?
RS: Ça je ne sais pas. Dans ce pays voyez-vous, les gens se disent toujours les premiers de quelque chose. Même quand ils passeraient leur vie à vous suivre ou à tenter de vous imiter, ils ne l’admettront jamais. Et puis quelle importance ? Je veux souhaiter seulement qu’ils ne refassent pas les mêmes erreurs. Le cinéma est avant tout un art pas un coffre-fort pourvoyeur d’argent facile. Le public exige la qualité, pas la quantité. Et la qualité demande compétences et travail. Entre autres choses, ce sont les films pourris qui ont mis le cinéma haitien à genoux et freiné l’élan qu’il semblait prendre. Alors des films, oui. Pas du n’importe quoi.
Tipiti : Par rapport à “I love you Anne”, comment est la fréquentation des salles ?
RS: Difficile de répondre à cette question. Entre les deux films il y a dix ans et deux modes d’exploitation différents. Et puis très honnêtement, j’ai oublié les chiffres de l’un et je n’ai pas encore ceux de l’autre qui est encore très régulièrement projeté. Alors difficile de comparer. L’absence de salles a certainement eu un impact. Comme je l’ai dit, cela a très sérieusement augmenté les frais d’exploitation et probablement substanciellement réduit les bénéfices. Mais je ne crois pas que l’impact soit seulement négatif. Par rapport au premier, on a poussé l’exploitation en allant plus loin. Beaucoup plus de villes de province, beaucoup plus de communautés de la diaspora. Et ça continue. Partout la réponse du public a été massive et spectaculaire. Il y a eu quelques rares échecs dûs, la plupart du temps, à une mauvaise planification mais cela reste l’exception plutôt que la règle.
Tipiti : D’autres films en perspectives ?
RS: Des perspectives et des films en attente il y en a toujours. Certains projets sont là depuis de nombreuses années. L’obstacle principal est souvent le financement. Mais d’une manière générale je n’aime pas trop parler de projets avant qu’ils ne se concrétisent. Cela prend du temps pour qu’ils prennent forme et je ne veux pas passer pour un bluffeur. Il n’est que d’attendre. Chaque chose viendra en son temps.
Les acteurs Principaux
Tonton Bicha(Daniel Fils-Aimé), Nice Simon, Don Kato(Antonio Chéramy),Ti jo( Joseph Zenny Jr), Fresnel Larosilière, Gessica Geneus, Reginald Bastien.
Scénario Dominique Jean
Réalisateur Richard Sénecal
We love you Anne continue son chemin, que d’autres films pourraient emprunter en attendant l’ouverture de vraies salles de Cinéma.
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