L’Ambassade d’Haïti en Belgique, dans son souci de promouvoir la culture et l’art haïtien en collaboration avec la galerie « Lumières d’Afrique », a présenté les œuvres de l’artiste Kévens Prévaris, du 27 septembre au 27 octobre 2013. Qui est donc ce jeune plasticien qui se dépense sans compter pour défendre les couleurs de l’orage et de “Loray” ?
Agé de 34 ans, il a déjà pas mal d’expos à son actif. Prévaris a exposé ses toiles en Haïti mais aussi en France, en Belgique, en Martinique, aux Etats-Unis et en Argentine… Après les expositions collectives à la galerie Le Cerisier à Paris et au Musée d’art moderne et d’art contemporain (MAMAC) à Liège l’an dernier, la galerie bruxelloise « Lumières d’Afrique » a eu la magnifique idée de l’exposer individuellement et le public était au rendez-vous le jour du vernissage et tout au long du mois d’octobre 2013.
L’exposition intitulée « Pas Sage » résume tout un programme. Elle traduit ce que le mouvement Loray dont il se réclame poursuit: le refus du mimétisme, des dogmes, des clichés, l’ouverture technique et thématique, la liberté de production. Ce courant est considéré comme le quatrième mouvement artistique haïtien, après l’École haïtienne, le Mouvement Saint-Soleil et l’École de la Beauté.
Diplômé de l’École Nationale des Arts (ENARTS), Prévaris a ensuite étudié la sociologie à la Faculté des Sciences Humaines à Port-au-Prince, tout en continuant sa passion: la peinture. En 2011, il arrive à Bruxelles où il termine actuellement une maîtrise en Arts visuels et de l’espace à l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels (ENSAV) – La Cambre. Cette expérience ne peut qu’enrichir son art, renforcer son talent et affiner sa vision de la peinture.
Ambassadeur du renouveau artistique
La galerie Lumières d’Afrique, spécialisée depuis 7 ans déjà dans la présentation des œuvres d’artistes africains contemporains, s’est naturellement intéressée à l’art d’Haïti, ce pays considéré comme « héritier mystique » de l’Afrique. Les Africains eux-mêmes ne voient-ils pas en nous leur “diaspora” ?
Le galeriste Grégoire de Perlinghi a développé une bonne connaissance de la peinture haïtienne. C’est ainsi qu’en septembre 2011, cette galerie avait exposé pendant un mois des œuvres de 16 peintres haïtiens, de 1975 à 1995. Parmi ces peintres figuraient l’incontournable Tiga (feu Jean-Claude Garoute de Saint-Soleil), Philippe Dodard, Franck Louissaint, Wilson Bigaud… « Pas Sage » n’était donc pas le premier contact de ce galériste avec la peinture haïtienne.
On comprend l’engouement pour ce jeune artiste qui « met en tension les codes d’une peinture haïtienne urbaine avec ceux de la peinture contemporaine, où symbolique, abstraction du geste, et harmonies colorées se combinent et se contredisent de façon jubilatoire »[1].
Pour « Lumières d’Afrique », Prévaris « incarne à la fois l’espoir, l’avenir et la continuité du renouveau artistique de toute une nation, dont il est l’un des ambassadeurs ». Il ne croit pas si bien dire. En effet, le voilà déjà en train de rassembler ses toiles pour les présenter, ce mois de novembre, au hall de la Maison ACP à l’occasion de la publication du rapport de Biz Clim[2]. Il se rendra également à Paris dans le cadre des activités organisées par l’Association des couleurs (ADC). En mars prochain, sous l’impulsion de Kévens, l’ENSAV – La Cambre, organisera un workshop en Haïti, en collaboration avec l’ENARTS de Port-au-Prince. En mai 2014, le Centre Culturel de Rencontre Abbaye de Neumünster du Luxembourg organise une « Quinzaine Culturelle Haïtienne » et ses tableaux seront exposés au Cloître Lucien Wercollier. En Haïti comme ailleurs, et malgré toutes nos difficultés, nos artistes continuent de déployer leur créativité et de faire connaître notre richesse culturelle, qui trouve d’ailleurs un très bon public.
Huguette Herard
Bruxelles
Image : Asson. Acrylique sur toile 97×145 cm. 2013
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