Départ pour l’éternité de Gérard Fombrun et de Ludovic Booz

Deux grands de la culture haïtienne sont morts coup sur coup en ce début d’année, le sculpteur et architecte Gérard Fombrun (1er février) et le sculpteur et peintre Ludovic Booz (2 février). La directrice du Musée du Panthéon national haïtien (MUPANAH), Michèle G. Frish, dit apprendre avec consternation la triste nouvelle de la mort de ces deux grandes valeurs de la culture haïtienne.

Né à Port-au-Prince le 21 janvier 1927, l’architecte Gérard Fombrun, qui ne ratait jamais une occasion de prendre part aux festivals de jazz de Port-au-Prince, avait le goût du bonheur. Il aimait répéter : « Je suis l’homme le plus heureux de la terre. Je suis béni et choyé par le destin. » Issu d’une famille de onze enfants, il en est le septième du sénateur Charles Fombrun et de Mme Maria St Léger Perrier.

Fombrun a toujours placé la barre très haut dans sa vie. Architecte, il a laissé son empreinte dans l’architecture et la construction en Haïti. En cinquante ans de carrière, il a accompli de nombreuses réalisations, parmi lesquelles l’aéroport Toussaint Louverture de Port-au-Prince, la construction du Warf de Port-au-Prince, la construction de plusieurs buildings industriels et d’immeubles, tel que le ciné Impérial qui a été détruit par le tremblement de terre du 12 janvier 2010. On le connaît aussi pour les maisons en gingerbread, un style qu’une institution telle la FOKAL essaie de réhabiliter, histoire de sauvegarder le patrimoine bâti de Port-au-Prince et de Jacmel.

Mais pour ceux qui sont attirés vers la Côte des Arcadins, l’une des plus grandes réalisations de l’homme de l’art est Moulin sur Mer. Il a mis son âme dans cette oasis de tranquillité et de bonheur de vivre. De cette ancienne plantation sucrière, l’habitation Ogier, acquise en 1977, émanait une poésie des ruines. Il en a fait un complexe hôtelier et un lieu où sont conservés des objets qui racontent l’histoire d’Haïti et sa culture, le Musée Ogier-Fombrun qui attire beaucoup de visiteurs.

Booz a montré la voie lumineuse à d’autres

Ludovic Booz, natif d’Aquin,  est né  le 16 juin 1940 dans cette ville du Sud d’Haïti qui accueille un grand festival culturel tous les ans.  Un grand peintre, Casimir Joseph – célèbre pour ses peintures miniatures – aime  dire « Sans Booz, il n’y aurait pas de Casimir. » Il a servi de coach à ce coiffeur de la première heure du bas de la ville de Port-au-Prince et lui a montré la voie lumineuse dans la matière colorée de la palette, il lui a permis d’accorder ses pinceaux dans la gamme chromatique. Et pourtant, Booz, qui, pendant un long moment de sa vie, s’est établi à la rue Brédy, à Carrefour-Feuilles, n’est pas trop connu comme peintre. Il était toujours penché sur ses sculptures, passant des journées entières à ciseler la matière, l’argile, le bronze.

Maître fondeur, sculpteur de haut vol, rappelle Mme Frisch, « Booz est l’auteur des armoiries placées au-dessus du sarcophage dédié aux pères de la patrie haïtienne et du buste de Henry Christophe conservé au Musée du Panthéon national haïtien. » Il est l’artiste qui a réalisé les bustes de Dumarsais Estimé, de Magloire Ambroise sur la place de Jacmel et d’Hector Hyppolite à Pont-Morin.

La suite ICI

Les commentaires sont fermés.