A la commande de plats aux restaurants, il est souvent important de préciser une recette, une cuisson particulière en rapport avec ses goûts habituels ou du moment. Il en est de même pour certaines musiques d’un certain niveau, celles qui, par leur notoriété, ont dépassé le cadre du patrimoine du compositeur et auxquelles on se plaît à déguster avec de nouvelles saveurs.
La composition “Round Midnight” du célèbre pianiste Thelonious Monk, lancée en 1943, fait partie de ces grands classiques qui ont connu des interprétations, adaptations et arrangements de centaines de musiciens, de divers genres, de par le monde. La version transmise à la postérité a été modifiée dès l’année 1944 par les trompettistes Cootie Williams et Dizzie Gillepsie tant au niveau de la mélodie que du texte.
Aujourd’hui, nous vous servons trois plats à base de “Round Midnight” dont la chronologie des présentations n’est nullement une indication des étapes régulières d’un repas. Libre à chacun de déterminer son entrée, son plat principal et son dessert.
La version du pianiste Herbie Hancock concentre sa touche experte et celle du géant saxophoniste Wayne Shorter. C’est celle qui a fait l’essentiel du film “Round Midnight”, sorti en 1986. Herbie Hancock, Wayne Shorter: un dekabès de prestige.
J’ai récemment découvert une jeune chanteuse de 23 ans, Samara Joy, dont le deuxième album a remporté cette année le Grammy Award du Best Jazz Vocal Album. Sur cet album paru en 2022, à côté du très célèbre “Guess Who I Saw Today” s’aligne, guess what, “Round Midnight”. Une voix à suivre de très près. Nous préférons écouter une version différente de celle de son album Linger Awhile, histoire de mettre en évidence le talent d’un arrangeur pianiste, Emmet Cohen. Samara Joy, Emmet Cohen: un dekabès grande classe.
La trompette du fameux arrangeur Edy Brisseaux s’allie à la superbe voix de Lionel Benjamin pour un délice au Compas de Round Midnight. Un Compas dans toute sa splendeur, avec un succulent solo à la guitare de Frantz Courtois. Edy Brisseaux, Lionel Benjamin: un dékabès de charme.
Kesnel Vertil
“La musique met un visage sur les pensées”.
Raymond Nicolas.-
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