C’est avec beaucoup de plaisir que j’observe chaque année les premiers signes de l’hiver par l’éclosion massive de fleurs de tournesol dans les hauteurs de Laboule. Une observation encore plus amusante est l’héliotropisme des fleurs qui les oriente vers le soleil toute la journée, de l’Est à l’Ouest. La plante doit son nom à ce phénomène magique.
A bien regarder, la terre, d’une certaine façon, est un tournesol. On y pense au début de son nouveau cycle autour du soleil, à la vitesse vertigineuse de 29.8 Km/s.
Ralentissons un peu. Nous débutons notre balade et nos ballades autour du soleil vers l’aube, dans un air frais et léger, du groupe The Beatles, “Here Comes The Sun”.
Une chansonnette française prend la relève avec la voix de Nana Mouskouri, “Soleil Soleil” pour des souvenirs du bon vieux temps.
Nana Mouskouri introduit Michel Fugain qui paraît comme obsédé par le thème, avec deux sélections à l’affiche: “Soleil” et “Comme Un Soleil”. Dans la dernière, il n’est question que d’une simple comparaison dans l’attente de sa dulcinée.
Chez nous, avant l’année 1986, la Radio Soleil a illuminé nos voies dans la résistance face à la dictature. La chanson “Lèm Pa Wè Solèy la” de Jean Michel Daudier fut un hymne de motivation et de courage au combat du peuple haïtien.
A la même époque, sur les ondes de Radio Haïti Inter, une émission de très grande écoute, Melodías en la noche, était réservée au Boléro. Javier Solis y étalait régulièrement son charme. En dépit du tempo lent, il fait monter la température vers le zénith avec la chanson “Cuando Calienta El Sol”. Une œuvre d’un grand apaisement dont le chanteur détient les secrets.
A présent, nous allons chercher les rayons du soleil dans la musique “On The Sunny Side Of The Street”, un classique américain de 1930, interprété par plusieurs artistes dans divers genres. La version du groupe vocal de Jazz The Manhattan Transfer est un vrai délice.
Encore du Jazz, avec le guitariste Haïtien Jean Chardavoine, dans un arrangement riche de rythmes locaux du traditionnel “Latibonit O”. Il faut débroussailler les mots de cette chanson pour faire luire le soleil. “Sole malad, sole kouche” fait allusion à la tombée de la nuit. L’angoisse décrite s’explique par le fait que dans les croyances du Vodou, c’est le temps où circulent les move zè.
Dans notre pays où se côtoient différentes religions, le chrétien se fait une autre approche. Il s’appuie sur le Psaume 23:4: “Dans la vallée de l’ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: ta houlette et ton bâton me rassurent”. Et dans le cantique catholique “Mon Dieu, Tu Es Grand, Tu Es Beau”, le soleil devient un frère. Un passage furtif, comme pour indiquer qu’une simple lueur de l’astre du jour produit d’énormes effets.
Nous sommes rendus au crépuscule. Emeline Michel, la chanteuse qui évolue des gammes de soprano d’une fillette au ténor masculin avec aisance et harmonie, nous raconte que le soleil a sommeil dans sa chanson “Tankou Melodi”. Le rythmique entraînant invite à traîner les pieds comme dans un bann a pye. Une superbe orchestration.
Kesnel Vertil
“La musique est comme le soleil, qui donne la lumière sans rien demander”.
Khalil Gibran.-
Soyez le premier à commenter