« Je porte le drapeau haïtien sur mes épaules… »

De passage récemment en Martinique, Jimmy Jean-Louis, comédien haïtien s’est prêté au jeu des questions-réponses. Il revient sur vie de comédien et la tragédie haïtienne…

Vous êtes aujourd’hui un comédien reconnu internationalement, notamment grâce à la série « Heroes » . Mais tout n’a pas toujours été rose. Racontez-nous…

Jimmy Jean-Louis. Je suis né en Haïti. J’ai grandi en Haïti jusqu’à l’âge de douze ans, avant de partir à Paris. La vie n’était pas géniale. C’était plutôt la galère qu’autre chose. Mais, pour l’Haïtien que j’étais, ça n’était pas mal du tout. Le cinéma a commencé à prendre sa place dans ma vie. Je rencontrais des artistes, des mannequins, des chanteurs et j’ai pris goût à cette vie. Mais, dans ce milieu, les portes se fermaient en France. J’ai donc décidé de partir en Espagne et ensuite, j’ai traversé vers l’Italie – où j’ai travaillé comme mannequin – l’Afrique du Sud, puis l’Angleterre. Je me suis beaucoup cherché… jusqu’à trouver un certain niveau de satisfaction, un certain équilibre.

Et puis, il y a eu Los Angeles. Les choses se sont-elles immédiatement arrangées ?
Ah non! Pas du tout! C’était dur! J’étais un Noir qui débarquait. Rien n’était gagné! J’ai débuté par des films indépendants, des films d’étudiants. Mais je tenais à y rester et à y faire mon trou…
Et Haïti dans tout ça, le pays était toujours présent dans votre coeur ?
Depuis l’âge de vingt ans, je retourne au moins une fois en Haïti. Et malgré mon agenda chargé à Los Angeles, je rentre souvent dans le pays. J’ai d’ailleurs monté une structure caritative qui s’appelle Hollywood Unite for Haïti qui soutient des initiatives de jeunes.
Et le moment où les choses prennent forme aux États-Unis, c’est quand ?
Les choses se sont mises progressivement en place. Mon premier film, c’est quand même avec Jean-Claude Van Damme. Et rien n’était gagné. Dernièrement, j’étais en compétition avec Wesley Snipes pour un film. Vous voyez, il faut toujours se battre à Hollywood. Quand j’ai fait « Les larmes du soleil » avec Bruce Willis et Monica Belluci, j’ai cru aussi que tout était gagné. Mais, pour bien dire, c’est la série « Heroes » qui m’a fait connaître. La série est diffusée partout dans le monde et évidemment, ça, ça aide…
Revenons à la situation actuelle en Haïti. Vous êtes toujours autant mobilisé aujourd’hui ?
Absolument! Il y a beaucoup trop de choses à faire en Haïti pour se démobiliser. Nous sommes en train de mettre en place une école pour aider les jeunes. Nous envisageons des échanges entre les professionnels de la culture qui pourraient transmettre leurs savoirs. Et puis, je suis toujours ouvert à tous les projets que l’on pourrait me proposer. Je reste très impliqué pour mon pays. Mes parents y sont retournés et, définitivement, je porte le drapeau haïtien sur mes épaules.
Quelques petits mots pour les Haïtiens de Martinique ?
Oui! Ayiti sé manman nou! Et la diaspora représente une force pour Haïti! Il nous faut garder cette relation privilégiée avec notre pays. Et puis : Fos!

interview tiré de http://www.martinique.franceantilles.fr

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