Le monde a beau changer; les gouts, évoluer; la société, se moderniser…il y a bien des choses qui restent immuables. Évidemment, vous pensez déjà à celles du genre des jours et nuits qui s’alternent… et vous n’avez pas tout à fait tort.
Il y aussi, certaines traditions qui ont la vie dure.
Par exemple, la période carnavalesque met toujours à l’ombre les albums et morceaux musicaux sortis au cours du mois de décembre qui l’a précédée. C’est une règle qui, jusqu’à présent ne souffre d’aucune exception, à ma connaissance.
C’est aussi devenue une habitude que certaines de ces œuvres musicales revoient la lumière parce que les qualités dont elles regorgent en font des joyaux.
De ces ensembles-là fait partie l’album Konpalogik de Philippe Saint-Louis.
Mis en vente seulement quelques semaines avant que les notes carnavalesques ne monopolisent les ondes, l’album reprend 8 anciennes compositions assez peu connues des jeunes d’aujourd’hui. Pour ce qu’elle offre de compas, d’arrangements, de talents individuels et d’audace, cette œuvre mérite une attention toute particulière.
Évidemment, m’ériger en critique musical et déterminer la valeur arrêtée d’une œuvre seraient bien prétentieux de ma part. Je ne suis qu’un amateur passionné et ce n’est qu’en ma qualité de simple mélomane du compas que je partage avec vous mon appréciation de Konpalojik.
Voyons donc les atouts que je lui trouve (Ce que j’ai aimé).
D’abord la sélection :
- Konpa Direk de Nemours Jean-Baptiste
- Amour d’Accolade de New-York
- In memoriam de Tabou Combo
- Lavi du DP Express
- Racine de Bossa Combo
- Malere des Frères Déjean
- Tande du Scorpio Universel (En réalité, cette chanson s’appelle Compas universel. L’erreur vient de la pochette de CD où les noms des titres ont été ,mal repris.)
- Reyalite du DP Express
Une pareille liste ne peut en aucun cas laisser indifférents les vrais amants de Compas et, particulièrement, de celui de la génération 70 -80. (À noter qu’il s’agit ici de la 2e version du morceau Tande, sortie en 1979 sur l’album Min Yayade la. La première version figure sur l’album Ensenm’ Ensenm’ sorti en 1977 et est très différente de celle-là.)
Ensuite, les interprétations.
Les reprises d’anciens succès ne me satisfont que rarement. Je les trouve bien souvent soit trop éloignées de la version originale, ce qui pour moi est un manque de respect à l’œuvre ; soit trop « copie-conforme ». Et dans ces cas, franchement, s’il faut reprendre une œuvre exactement telle quelle, autant se contenter de l’originale. 🙂
Konpalojik a le mérite de bien tenir cet équilibre. Sans donner l’impression de vouloir s’en démarquer, les pistes ne sont pas pour autant esclaves des morceaux qu’elles reprennent.
Sur cet aspect-là, les musiciens ayant participés à ce projet ont réussi leur coup. J’ai toujours l’impression d’écouter la musique que j’ai connue (sauf peut-être dans Reyalite, mais je vais y revenir). Pourtant, Les solos de guitare de Ralph Condé (Tande), par exemple, ne sont pas ceux de Robert Martino ; les artistes cités par Kino (In memoriam) sont différents de ceux chantés par Shoubou. Même que le clavier a été agréablement ajouté à des orchestrations qui n’en comportaient pas (In memoriam).
Enfin, les voix :
Qu’il s’agisse des différents chœurs, ou des chanteurs principaux, les choix sont parfaits. Comme déjà souligné plus haut, l’ensemble donne une touche de modernité aux anciennes compositions sans les dénaturer.
J’ai particulièrement apprécié Les chants d’Arly Larivière (Lavi) et de Emmanuel Obas (Malere), dont les voix ; et particulièrement celle du premier cité, restituent, selon moi, parfaitement l’émotion du texte. Les interprétations de Kenny Desmangle (Amour), d’Eric Charles (Reyalite) et Kephny Eliasaint (Tande) ne sont pas en reste non plus. Celle de Gazzmann dans Konpa Direct est acceptable.
Quant aux deux autres, m’inspirant des appréciations un peu différentes, elles m’amènent à parler du talon d’Achille de Konpalojik.
Passons donc aux petits défauts que je trouve à cet album. (Ce que j’ai moins aimé).
D’abord Gazzmann (Racine) et King Kino (In Memoriam), à mon avis, sont passé à côté de leurs interprétions. Ce n’est pas qu’ils aient mal chanté dans le sens technique de l’expression, mais ils se sont davantage attelés à réaliser des prouesses vocales plutôt que de faire passer l’émotion que nécessitent leurs textes.
Racine du Bossa Combo et In Memoriam du Tabou Combo sont deux morceaux où les textes sont d’une importance capitale. Ces compositions exigent d’un chanteur qu’il s’oublie et mette en avant ce qui est chanté. Kino et Gazzmann ne me donnent pas l’impression de l’avoir compris.
Ensuite, il y un petit hic au début de Reyalite. C’est le seul morceau qui, à un moment, s’écarte un peu trop de la version originale. Au tout début, les cuivres et le clavier me prennent de court et à contre-pied en s’exécutant différemment de la version originale.
Enfin, presque tous les chanteurs donnent, à certains moments, l’impression de confondre le studio et les prestations live. Cette façon d’annoncer un solo en citant le nom du musicien ou de saluer « Allo Untel » sur une piste audio est devenue une habitude de nos jours. Je ne suis pas certain que cela desserve bien nos œuvres musicales.
À part ça, je ne trouve rien à reprocher à Konaplijk. Environ une heure de temps de plaisir et de bon compas. (Vous pouvez écouter ou acheter les morceaux depuis la playlist de Tipiti)
Vous savez? Les pièces de collection sont des œuvres que les connaisseurs chérissent et tiennent absolument à posséder. C’est une autre règle qui semble mépriser le cours du temps. Ces œuvres d’art, ces petits bijoux sont un autre ensemble auquel appartient Konpalogik.
Tilou Jean Paul,
https://tipiti.biz
Twitter (@TilouJeanPaul, @Tipitibiz)
Pour Références, voici quelques infos concernant les compositions originales reprises sur l’album konpalojik :
- Konpa Direk
Ensemble Nemours Jean-Baptiste ou Nemours et son Ensemble
Album : Disque 3, 1959 - Amour
Accolade de New-York (Jn-C. Desgrottes)
Album : International, 1981 - In Memoriam
Tabou Combo
Album : Volume 15 (Tour du Monde), 1981 - La vie
D.P. Express
Album : Volume 6, 1981 - Racines
Bossa Combo (R. Cajuste, Jn-R. Damas)
Album : Racines, 1979 - Malere
Frères Déjean (André et Fred Déjean)
Album : Volume 8 (Malere), 1982
cette composition parait aussi sur un album du Dixie Band toujours en 1982 - Compas universel (et non Tande 2e version)
Scorpio Universel (Robert Martino)
Album MIN YIA YIADE LA, 1978 - Réalité
D.P. Express
Album : Volume 4, 1979
[…] plak a CD, anpil moun vin idantifye mizik la sou non «Tande». (Pwoblèm sa a poze tou nan albòm Konpalojik […]