Wilkenson Jean Luc Célestin : une belle promesse de la chanson haïtienne

Son parcours et ses influences

Gagnant de la catégorie chanson du concours Next Beat Haïti organisé par la «Fondation Haïti Jazz et Ayiti Mizik» le mercredi 5 juin dernier, comme la plupart des artistes devenus célèbres, il fait ses premières armes au sein de l’Eglise considérée comme un espace regorgeant de talent au niveau musical. D’aucuns pensent que son style se rapproche de celui des chanteurs comme : BIC, Jean Jean Roosevelt et BélO. Sans pour autant sombrer dans une sorte de mimétisme au niveau musical, il reconnait fièrement avoir subi des influences de Beethova Obas, Boulot Valcourt et de bien d’autres chanteurs haïtiens. Ce jeune talent n’est pas tombé de la dernière pluie, le texte «Fanm» avec lequel il prend part au concours «Next Beat Haiti», était prédestiné au premier album de Renette Désir. En raison des contraintes liées au temps, ce titre ne sera pas figuré sur le disque de la chanteuse. Coté texte, le vocaliste nous gâte par les thèmes abordés, et ces compositions musicales.

Les paroles et l’observation chez l’artiste

(c) tipiti.biz / YOD

En dehors de «Fanm» qui célèbre le charme et les atouts de la gente féminine, Wilkenson Jean Luc Célestin à plusieurs autres textes qui sont très bien reçus, dans les dernières prestations qu’il a offert au public, particulièrement au restaurant «Le Villate»; nous pouvons aussi citer «Pwovèb lakay» un texte qui reprend avec élégance les plus populaires proverbes de la culture haïtienne, pour en faire une adaptation très originale, sur un rythme latin; à noter que sur cette composition, il fait preuve d’une grande maturité musicale. Rappelons pour la mémoire que les proverbes ont été aussi repris par le chanteur Gérard Dupervil, dans une chanson baptisée «Sonson et les proverbes» gravé sur un album du groupe «Reversal».

L’artiste est également un fin observateur, il va jusqu’à être inspiré par le sermon du Pasteur de son Eglise, un dimanche dans son homélie; l’officiant du jour lance avec l’énergie qu’on leur reconnait «se pa nan dat mango pou nou zanmi ti koto» une invitation selon toute vraisemblance à une consolidation de la foi des chrétiens incrédules; la parabole retient beaucoup plus l’attention du chanteur, que le symbolisme qu’elle charrie, il prend note et continue sa cueillette de proverbes auprès de ses proches, jusqu’à ce que l’aventure prenne l’allure d’une chanson dont la composition musicale est également de lui, c’est ainsi que «Pwovèb lakay» nous est livré.

L’artiste est convaincu que ce chemin est le sien, il continue de créer; naitra «Kreyòl mwen», un texte qui fait référence à notre fameuse diglossie et les préjugés par rapport à la langue créole. Un texte qui ne dit rien de neuf, à part ce zeste de Bossanova, à travers lequel des contrastes harmoniques et mélodiques appréciables nous sont proposés, le texte est par moment décousu, le parolier se perd en chemin par rapport au message initial qu’il souhaitait nous faire parvenir.

La voix et son regard sur des classiques…

L’artiste est un assez bon interprète, en l’écoutant reprendre «Choucoune» dont sa version est la troisième interprétation du texte de Moleard Montaud et d’Oswald Durand; la première est celle du groupe «Ibo combo» gravé sur l’album paru en 1967, sur lequel ils font leurs adieux à la scène musicale. Sur cette dernière, elle nous est servie par la voix d’André Romain et à la Guitare Ti Pascal, la deuxième est du guitariste et compositeur «Pierre Rigaud Chéry» aux cotés de Yolette Lagrandeur, une version du genre Bossanova assez audacieuse selon certains musicographes. Nous vous recommandons de suivre de près cet artiste, qui promet énormément, et souhaitons qu’il continue de prendre au sérieux son travail de compositeur et de parolier pour une relève bien assurée.

Jean Widler Pierresaint
https://tipiti.biz
Twitter ( @Tipitibiz)

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